Face à la question du dopage, un athlète «propre» ou un athlète dopé auront une même réponse commune à savoir: «nous sommes régulièrement soumis à des contrôles antidopage»; rien ne permet alors de les distinguer.
La diffusion en ligne de données biomédicales est un élément clef qui peut permettre à un athlète «propre» d’aller un peu plus loin dans une démarche qui mettra foncièrement en difficulté un athlète dopé.
La convergence de principe affichée par certains athlètes tranche d’ailleurs souvent avec la réalité des faits quand il s’agit de passer à l’acte et de diffuser ses données; des exemples très récents viennent d’ailleurs de confirmer notre propos.
De plus, l’histoire nous montre également que de nombreuses publications en ligne de données biomédicales ont concerné des athlètes qui par la suite ont été convaincus de dopage. La perversité est telle que la course au déni du dopage rend les athlètes dopés capables de tout et même d’essayer d’apparaître comme parfaitement intègres en diffusant certaines de leurs données.
Entre 2006 et 2008, l’Association AFT a conduit un programme de recherche qui préfigurait le passeport biologique avec un élément additionnel lié à la diffusion sur internet de toutes les données collectées.
Ce programme a concerné au total 32 athlètes de niveau international dans 13 sports différents dont toutes les données biomédicales, AUT (Autorisations d’Usage à des fins Thérapeutiques) et résultats de tests d’effort ont été intégralement publiés sur un site internet pendant 2 ans.
Fort de cette expérience et de plus de 10 ans d’activité dans la lutte antidopage, l’Association AFT souhaite rappeler les trois grands principes à respecter dans la collecte et la diffusion de données biomédicales qui eux seuls peuvent prévaloir d’une réelle volonté de transparence à opposer à une potentielle tentative de vouloir masquer un recours au dopage au travers d’une tentative de manipulation.
Diffusion complète
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La première règle est la diffusion complète de l’ensemble des données. Il ne s’agit pas de diffuser le résultat d’un off-score et/ou d’un test d’effort pour satisfaire à une diffusion complète. Il faut diffuser l’ensemble des données possibles à savoir: AUT + données du passeport biologique + données de suivis médicaux + données de suivis physiologiques + données de localisation
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Pouvoir s’assurer de la validité des données
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Etre en mesure de garantir la validité des données à partir d’un recueil par des structures officielles en charge de la lutte antidopage et/ou dans le cadre d’un programme de suivi piloté par une structure tierce sans lien direct avec un athlète et/ou une équipe. Les initiatives «one shot» qui ne s’inscrivent pas dans ce cadre sont à proscrire.
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La gestion par une structure externe
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C’est une des règles fondamentale: vous ne pouvez pas être juge et partie à savoir définir quel test, quelle analyse, quelle période à la seule convenance de l’athlète et/ou de son équipe. Votre programme de suivi doit être piloté par une structure tierce complètement indépendante et/ou concerner la diffusion des seules données collectées dans le cadre de la lutte antidopage.
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Au cours du Tour de France 2015, l’Association AFT par l’intermédiaire de son Président Pierre SALLET a décrit une méthode d’estimation de la Puissance Maximale Aérobie (PMA) à partir de la puissance développée et du temps réalisé sur une ascension au cours d’une compétition en cyclisme.
Cette méthode utilisée depuis 2004 par l’Association AFT dans le cadre de la lutte antidopage fixe en cyclisme une valeur en compétition de PMA estimée à 7 W/kg au- delà de laquelle, des investigations supplémentaires devraient être engagées par les autorités en charge de la lutte antidopage en raison d’un profil qualifié « d’anormalement élevé ».
La spécificité des méthodes utilisées dans la lutte antidopage font qu’une interprétation par des non-spécialistes peut conduire à des erreurs d’appréciation et de jugement. Il nous a semblé important au regard de cette valeur de la PMA estimée à 7W/kg de préciser certains points.
En effet ce n’est pas une valeur de PMA mesurée au-delà de 7W/kg en laboratoire mais bien une valeur de PMA estimée en course en fin d’étape sur une compétition de plusieurs jours au-delà de 7W/kg qui nécessiterait selon nous une investigation supplémentaire.
Ainsi nous avons pu nous même par le passé que ce soit dans le cadre d’un travail de thèse* (en accès libre) autour de l’étude de profils de 45 cyclistes professionnels et 26 élites ou dans le suivi et la réalisation directe de plus de 4000 tests d’efforts mesurer des valeurs des PMA en laboratoire au-delà de 7W/kg sur des athlètes qui possédaient une réelle éthique de pratique sans dopage.
De nombreuses publications attestent également des différences possibles dans les mesures de PMA en laboratoire en fonction des protocoles et matériels utilisés. Sur le terrain, si le modèle mathématique publié et utilisé par l’Association AFT pour estimer la puissance développé est le même depuis 10ans, il peut souffrir du choix des valeurs pour certaines variables ce qui nous pousse toujours dans le cadre de lutte antidopage à le rendre « favorable » aux athlètes, c’est-à-dire à « élargir les mailles du filet ».
Ainsi nous maintenons le fait qu’une valeur de PMA estimée en course en fin d’étape sur une compétition de plusieurs jours au-delà de 7W/kg nécessiterait selon nous une investigation supplémentaire en relation avec la lutte antidopage.
En synthèse et pour vous donner une image c’est un peu comme si un athlète en course à pied venait à battre son record personnel sur 3000m dans les 3 derniers km d’un marathon le dimanche après avoir enchaîné une semaine à plus de 200km d’entraînement; cela nous amènerait nécessairement à devoir à minima nous poser certaines questions…
*Thèse soutenue par Pierre SALLET en 2004 «#átude comparative intra et inter-disciplinaire du profil physiologique et neuromusculaire chez le sportif de haut-niveau»
Le conseil d’administration
ASSOCIATION ATHLETES FOR TRANSPARENCY (AFT)
Pierre SALLET PhD, Président
contact@athletesfortransparency.com
Depuis 2004, l’Association AFT mène à l’international des programmes d’action et de recherche dans le cadre de la lutte antidopage et collabore ainsi avec de nombreuses structures officielles impliquées dans le sport.